La chine cause bien des angoisses aux constructeurs automobiles occidentaux. Pour ne pas se laisser distancer dans l’empire du Milieu, Stellantis envisage à son tour de s’allier à un constructeur chinois de voitures électriques, comme l’a fait Volkswagen il y a moins d’un mois.
D’après des sources interrogées par Bloomberg, Stellantis serait en discussions avec Zhejiang Leapmotor, une jeune startup chinoise de voitures électriques. Leapmotor n’a démarré sa production qu’en 2019, mais s’est déjà imposée comme un acteur majeur, avec plus de 100 000 voitures électriques produites en 2022.
Les sources citées par Bloomberg précisent que l’alliance n’est pas confirmée : Volkswagen serait également en discussions avec Leapmotor, et il est donc probable que le constructeur chinois soit actuellement en train d’étudier les offres des deux constructeurs.
L’enjeu est de taille : la Chine est de loin le plus gros marché mondial, avec plus de 535 000 voitures 100% électriques vendues en juin, et plus de 2,55 millions de véhicules électrifiés écoulés depuis le début de l’année.
S’ils veulent garder une place sur ce marché en pleine expansion, les constructeurs occidentaux n’ont pas le choix : ils doivent s’allier avec des entreprises locales, car les consommateurs ont bien compris que les voitures électriques chinoises rivalisent largement avec les voitures européennes et américaines en termes de qualité et de prix.
Volkswagen n’a pas attendu : fin juillet, elle avait annoncé un partenariat avec Xpeng, l’un des principaux acteurs chinois avec BYD et Nio. L’entreprise allemande est en effet en grande difficulté en Chine. Sa part de marché dans l’électrique y est tombée à 3,6%, et il lui fallait réagir de façon urgente sous peine d’être oblitérée de ce marché de première importance.
L’alliance entre Stellantis et Leapmotor permettra-t-elle de redresser la barre ?
Stellantis n’est pas non plus dans une position favorable. L’année dernière, le constructeur avait dû fermer son usine Jeep en Chine, reconnaissant que la demande était « sous pression ». Son PDG, Carlos Tavares, avait admis que ses capacités de production de voitures électriques étaient trop faibles et que leur production manquait de rentabilité.
Carlos Tavares avait alors engagé Stellantis dans une stratégie de faibles investissements en Chine, ou « asset-light ». Il avait notamment justifié cette stratégie par les difficultés que rencontraient les groupes occidentaux comme Volkswagen et General Motors dans le pays.
Aujourd’hui, Stellantis veut donc explorer une nouvelle voie pour garder son implantation : s’allier avec un constructeur local. Mais cette alliance, si elle se confirme, permettra-t-elle au groupe de rivaliser avec Tesla, Volkswagen, et surtout avec BYD, qui est devenu le deuxième constructeur électrique mondial ?
Le groupe franco-américain dispose d’un atout : il est déjà allié avec Dongfeng, avec qui il a établi un partenariat pour vendre ses véhicules de marque Peugeot et Citroën.
Mais Stellantis paie aujourd’hui en Chine ses erreurs passées : depuis des années, le groupe a choisi d’investir faiblement dans l’électrique, Carlos Tavares expliquant même qu’il n’était pas convaincu de l’avantage de cette technologie. Le PDG a continué de diriger la plupart de ses investissements sur le thermique, ce qui s’est avéré gagnant jusqu’à présent : le groupe a une nouvelle fois publié des résultats records pour le deuxième trimestre 2023.
Mais ce succès pourrait être de courte durée, et les difficultés que le groupe rencontre en Chine en sont la preuve : l’appétit des automobilistes chinois pour l’électrique est grandissant, et le thermique semble sur le point d’être abandonné par la majorité d’entre eux. La part de marché des véhicules électrifiés y est déjà supérieure à 35%.
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