On a testé les taxis autonomes Waymo

30 novembre 2023 - 05h54 -

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Depuis quelques mois, Waymo, la filiale de Google, est autorisée à faire circuler des taxis autonomes dans certaines villes des Etats-Unis. A l’occasion d’un voyage à San Francisco, nous avons testé ces voitures sans conducteur, qui semblent tout droit venues du futur.

Dès que Waymo a reçu son autorisation en Août dernier, de nombreuses vidéos ont commencé à circuler sur internet, montrant des passagers ébahis par ces voitures qui roulent sans personne au volant. Nous étions donc impatients de les tester, pour savoir si ces robotaxis sont aussi impressionnants dans la réalité que sur les réseaux sociaux. Spoiler : nous n’avons pas été déçus.

Une inscription simple, mais gare à la liste d’attente

Pour commencer notre test, il nous a fallu télécharger l’application Waymo One, qui est disponible aux Etats-Unis, à condition de disposer d’un compte Google ou Apple localisé dans ce pays. Une précision cependant : nous nous étions inscrits il y a plusieurs mois, ce qui nous a permis d’accéder directement au service. Mais les utilisateurs qui s’inscrivent aujourd’hui sont placés sur une longue liste d’attente, tant Waymo est victime de son succès. En effet, les curieux affluent de tous les Etats-Unis pour essayer ces taxis autonomes, qui sont d’ailleurs devenus une attraction touristique à part entière !

L’application Waymo est une franche réussite : simple et intuitive, elle ressemble en tout point à l’application Uber. Pour commander un taxi sans chauffeur, il suffit d’indiquer sa destination, et en quelques clics, l’application nous propose une voiture qui se trouve dans les parages. Voilà déjà un avantage par rapport aux taxis et autres VTC conduits par des humains : une voiture Waymo ne refusera jamais votre course, contrairement à ce qui arrive de plus en plus souvent avec Uber !

Une fois la voiture commandée, nous n’avons attendu que quelques minutes avant de voir celle-ci apparaître au coin de l’avenue, comme nous l’indiquait l’application. Et même si nous étions préparés psychologiquement au fait qu’il n’y aurait pas de chauffeur, voir arriver la voiture sans personne au volant est une expérience tout simplement surréaliste !

Une conduite très sécurisante malgré une erreur dès le début

La voiture est une Jaguar I-Pace électrique, bardée de capteurs situés sur le toit, à l’avant et à l’arrière et aux quatre coins de la voiture. Il s’agit de caméras, de radars et de lidars, dont le principe est similaire au radar mais avec des lasers au lieu des ondes radio. Waymo est d’ailleurs l’un des seuls opérateurs à utiliser le lidar, contrairement à son concurrent Tesla, qui n’utilise que des caméras et des radars pour son système FSD.

C’est lors de l’arrivée et du stationnement de la voiture que le système de conduite autonome a commis sa première et plus grave erreur. Le taxi sans chauffeur s’est bien arrêté à l’endroit prévu, mais en empiétant sur les voies du tramway. Evidemment, celui-ci n’a pas manqué d’arriver dans les secondes qui ont suivi, et son conducteur de nous interpeller pour nous demander de ne pas bloquer la voiture. Nous nous sommes empressés de déverrouiller les portes depuis l’application mobile et de monter à bord, non sans susciter l’étonnement du conducteur de tramway : celui-ci semblait bien surpris de voir des étrangers monter dans une voiture autonome empruntée normalement par des californiens.

Une fois à bord, la voiture nous accueille en nous expliquant quelques consignes de sécurité. Pour la faire démarrer, rien de plus simple : un bouton « start ride » s’affiche sur l’écran situé à l’arrière. En quelques secondes, nous voilà partis, et c’est le début d’une expérience incroyablement futuriste.

Il nous faut quelques minutes pour nous habituer au fait de ne voir personne au volant, mais le constat est là : la voiture nous inspire un grand sentiment de sécurité. Le système de conduite autonome fait preuve d’une assurance impressionnante, et de façon inattendue, a un comportement un peu plus nerveux qu’un conducteur humain. Tous les virages sont négociés sans jamais mettre la voiture ni les passagers en danger, même lorsque la route est masquée par la pente des rues de San Francisco.

Certes, à quelques reprises, le robotaxi change de voie un peu trop rapidement à notre goût. Mais cela n’a jamais inquiété les autres voitures, car les marges de sécurité étaient toujours très conséquentes. Nous avons rencontré de nombreux obstacles sur le parcours : piétons, travaux, poubelles empiétant sur la voie. Le taxi sans conducteur les a tous évités avec brio, en indiquant leur emplacement sur l’écran de bord.

Notons d’ailleurs que l’interface utilisateur est très réussie : le système indique précisément tous les véhicules détectés aux alentours, ainsi que la route prévue à chaque instant. Il est également possible de s’arrêter instantanément en cas de problème, grâce à un bouton « pull over » toujours affiché.

Pendant la course, les passants sont nombreux à nous regarder, médusés, et même à nous prendre en photo, tant la vision de cette voiture sans conducteur semble incongrue.

Le Waymo Driver fait preuve de comportements typiquement humains : par exemple, lorsqu’un feu piéton passe au vert, il relâche le frein à main et maintient la voiture en place au moteur, pour préparer le démarrage et gagner quelques précieuses secondes. Par contre, le comportement du volant est quelque peu saccadé par moment, ce qui indique tout de même que la voiture est dirigée par une intelligence artificielle.

Peu avant la fin de la course, la voiture fait une nouvelle erreur, qui n’aura cependant pas de conséquence : après un virage, elle s’aligne sur une voie cyclable au lieu d’emprunter la voie normale. Elle s’en rend cependant compte rapidement et rejoint la voie pour voitures, comme l’aurait fait un conducteur humain, ce qui est plutôt rassurant.

La course s’achève avec succès : le robotaxi Waymo nous a amenés à bon port très rapidement, avec la même efficacité qu’un conducteur humain et sans perdre de temps. Le prix est étonnamment bas pour une course qui semble tout droit venue du 22ème siècle : 13 dollars, soit à peine plus qu’une course équivalent en Uber.

Notre verdict : la voiture autonome est promise à un grand avenir

Après avoir stationné, la voiture nous recommande de ne rien oublier à bord, et s’en va comme si de rien n’était. Nous restons quelques minutes immobiles sur le trottoir, le temps de nous demander si ce qui vient de se passer était bien réel.

Notre test confirme donc les impressions qui ressortent sur la plupart des vidéos disponibles sur les réseaux sociaux. Les taxis autonomes Waymo fonctionnent à merveille, et malgré quelques imperfections, semblent prêts à conquérir l’Amérique en toute sécurité. Google est d’ailleurs en train de les déployer à Los Angeles et à Austin. Mais ils devront sans doute encore progresser pour s’adapter aux villes européennes, où les routes sont plus étroites et où toute erreur est encore plus impardonnable qu’à San Francisco.

La voiture autonome va donc très probablement changer le visage de l’automobile dans les années à venir si elle est à l’image des taxis autonomes de Waymo. Ces changements seront accompagnés de nombreuses questions philosophiques, notamment sur la place de l’humain dans notre société : sommes-nous réellement prêts à abandonner toute présence humaine dans un taxi, et à faire entièrement confiance à la machine ?

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