Des écologistes occupent une forêt pour empêcher Tesla d’agrandir sa Gigafactory Berlin

2 mars 2024 - 13h04 -

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À Berlin, des militants écologistes ont installé un campement dans la forêt attenante à la Gigafactory de Tesla. Ils veulent empêcher l’entreprise d’Elon Musk d’étendre son usine de voitures électriques, pour sauver la forêt de la déforestation et lutter contre la surconsommation d’eau.

Les militants, membres du collectif Robin Wood, ont installé des cabanes dans les arbres de la forêt de Grünheide, à Brandebourg, dans la banlieu de Berlin. Ils campent actuellement sur place, dans une forme de protestation qui n’est pas sans rappeler le mode opératoire des ZAD françaises. Ils ont installé des banderoles sur lesquelles on peut notamment lire : « la forêt au lieu d’une usine monstre ».

La Gigafactory Berlin produit actuellement 375 000 Tesla Model Y par an. Avec ce projet d’extension, le constructeur veut passer à 1 million de voitures, mais également produire l’équivalent de 100 GWh de batteries par an.

Depuis le début de sa construction, cette usine fait face à de nombreuses oppositions, qui ont occasioné de forts retards affectant son entrée en service. Des associations locales avaient engagé un recours, et Tesla avait été contrainte de déplacer des chauves-souris protégées qui avaient élu domicile dans la forêt avant de démarrer la construction.

Le plan d’agrandissement de la Gigafactory Berlin.

Tesla avait dévoilé le plan d’agrandissement de la Gigafactory en juillet 2023. Ce plan avait également provoqué de fortes protestations de la part des riverains et des écologistes. La semaine dernière, les résidents de Grünheide, la municipalité dans laquelle est située l’usine, avaient officiellement voté contre le projet d’extension.

Les écologistes dénoncent la déforestation et la consommation d’eau de la Gigafactory Tesla

Sur le site internet de Robin Wood, les militants s’inquiètent notamment de la forte consommation d’eau de l’usine, ainsi que de ses rejets d’eaux usées excédant les limites autorisées :

« Il existe déjà une grave pénurie d’eau et une baisse du niveau des eaux souterraines à Berlin et dans le Brandebourg. L’association locale des eaux fournit chaque année à Tesla 1,8 million de mètres cubes d’eau pour son site de production, dont une partie est située directement dans la zone de protection des eaux. Il est également apparu récemment que Tesla dépassait les limites des eaux usées pour des substances telles que l’azote total et le phosphore. »

Ils veulent également empêcher de nouvelles coupes forestières :

« Environ 300 hectares de forêt ont déjà été défrichés depuis 2022 pour construire l’usine Tesla. Aujourd’hui, 100 hectares supplémentaires de forêt de pins seront détruits à la suite de l’agrandissement de l’usine. »

S’attaquer à la voiture électrique, est-ce le bon combat ?

On peut néanmoins s’interroger sur le bien-fondé de leur action. Les écologistes de Robin Wood ont-ils raison de vouloir protéger à tout prix une forêt, pour empêcher l’extension d’une usine dont le but est justement de remplacer des voitures polluantes par des voitures électriques ?

Tout d’abord, il est évident d’après les photos que la forêt dans laquelle sont installés les militants est exploitée : les arbres sont plantés en ligne et espacés régulièrement, ce qui indique qu’ils sont très probablement voués à être coupés en vue d’une exploitation industrielle. Le bois de ce type de pins est souvent affecté à la fabrication d’emballages en carton.

Mais surtout, le bilan carbone global de la Gigafactory Berlin de Tesla est très largement bénéfique, et encore plus lorsque l’usine sera étendue. Il a été prouvé à de nombreuses reprises que les voitures électriques émettent entre 20% et 80% de CO2 en moins par rapport aux voitures thermiques, même en prenant en compte leur cycle de vie total et la fabrication de la batterie. Cette fourchette inclut les différents types d’énergies utilisée pour produire l’electricité qui rechargera ces voitures.

La voiture électrique permet donc d’éliminer de la circulation de nombreuses voitures polluantes, et fait partie des technologies clés qui permettront d’atteindre l’objectif des accords de Paris de réduire le réchauffement global à +1,5° d’ici 2050.

Ces militants font donc sans le savoir le jeu des industries pétrolières : par leurs actions, ils permettent au lobby pétrolier de continuer à promouvoir le pétrole et le moteur thermique. S’ils parviennent à sauver cette forêt, ce sera au prix de l’émission de millers de tonnes de CO2 qui auraient pu êtres évitées.

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