Bonus écologique : le gouvernement cible les voitures électriques chinoises

28 juillet 2023 - 13h44 -

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Le nouveau bonus écologique qui entrera en vigueur le 1er Janvier 2024 contiendra une mesure inédite. Pour y être éligibles, les voitures devront obtenir un « score environnemental » suffisant, a indiqué le gouvernement à l’AFP ce jeudi. Il s’agit d’une stratégie à peine voilée pour limiter les importations de voitures électriques chinoises.

Dans des propos rapportés par le journal Les Echos, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a déclaré : « on estime que conditionner le bonus à des critères environnementaux pourrait réduire l’empreinte carbone française de l’ordre de 800.000 tonnes d’équivalent CO2 par an ».

Le score environnemental prendra en compte l’empreinte carbone des matériaux

Les précédentes versions du bonus écologique ne prenaient en compte que les émissions des véhicules une fois mis en circulation. Il s’agit cette fois d’intégrer dans le calcul l’empreinte carbone totale du véhicule, y compris lors de sa fabrication et de son transport jusqu’en France.

Le « score environnemental » dépendra des émissions de CO2 dues aux matières premières ayant servi à fabriquer la voiture, comme l’acier, l’aluminium, et les composants de la batterie.

Pour être éligible, une voiture devra désormais avoir un score environnemental supérieur à 60, mais le détail exact de ce calcul n’a pas été dévoilé.

Même si ce score s’appliquera également aux véhicules thermiques, le but est avant tout de prendre en compte les émissions importantes liées à la fabrication des batteries de véhicules électriques, qui représentent une grande partie des émissions totale du cycle de vie de ces véhicules.

Le bonus écologique est d’ailleurs en grande partie utilisé par les français pour subventionner l’achat de voitures électriques.

Les voitures électriques chinoises ciblées

D’après le gouvernement, la production en Chine d’une batterie émet entre 1,7 et 3 fois plus de CO2 que si elle était produite en Europe. Pour produire une petite voiture, les émissions totales sont ainsi 45% plus élevées dans l’Empire du milieu que dans nos contrées.

Même s’il s’en défend, le gouvernement veut établir grâce à ce nouveau bonus une forme de protectionnisme écologique. Cela permettrait à la fois de favoriser les constructeurs européens et de verdir le bilan carbone des voitures électriques vendues en France.

Le fait que le gouvernement mentionne la Chine n’est pas anodin. En effet, une part grandissante des voitures électriques vendues en France provient de ce pays. Par exemple, la 4ème voiture électrique la plus vendue en France est la MG.4, qui est fabriqué en Chine par MG, un constructeur sino-britannique.

De plus, certaines des voitures Tesla vendues en France proviennent désormais de Chine.

Le gouvernement craint également l’arrivée du chinois BYD, le plus grand constructeur mondial de voitures électriques en volume. BYD a d’ailleurs commencé à vendre des voitures en France le mois dernier.

Une stratégie efficace ?

Que penser de cette version inédite du bonus écologique ? Il permettra effectivement de faire baisser le bilan carbone moyen des voitures électriques en limitant les importations chinoises.

Cependant, il ne résoudra pas le problème fondamental auquel est confronté Bruno Le Maire : les constructeurs français ont pris énormément de retard dans l’électrique, conséquence de leurs sous-investissements dans le domaine depuis des années.

En effet, le premier constructeur électrique français , Stellantis, ne pointe qu’à la 5ème place du classement mondial en volume, derrière BYD, Tesla, Volkswagen et General Motors. Il ne produit qu’un nombre très faible de voiture électriques à l’heure actuelle.

Ce bonus aura néanmoins un avantage : il répondra à l’inquiétude écologique principale des consommateurs sur le véhicule électrique, à savoir la fabrication de sa batterie. En fournissant des garanties sur les émissions liées à cette fabrication, il améliorera sans doute l’image de l’électrique et pourra accélérer son adoption.

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